Musique

Review EXEK + HUMOUR à la Carène

Vendredi 4 novembre dernier, le club de la Carène accueillait deux groupes post-punk : les écossais de Humour ainsi que les australiens de Exek. Petit retour sur cette soirée rock pleine d’énergie, de coupes mulet, de pull kitch mais surtout de plaisir.

Premier groupe à s’engager sur la petite scène de la Carène, le quintet de Glasgow pour leur première date en France s’il-vous-plait ! Ils sont (très) jeunes et novices car ils viennent défendre un seul et unique EP Pure misery qui sort en fin de mois. D’emblée l’attention se porte sur le chanteur du combo qui offre une performance vocale unique entre hurlements, cris aigus rappelant les excellents The Make-up, murmures et slam, passant d’un registre à l’autre avec frénésie, contrastant avec sa posture figée, accrochée au micro tout au long du concert et peu enclin à parler entre les morceaux par timidité, jeunesse ou autre. La performance divise autant qu’elle suscite de l’engouement.

(Humour)

Mais le chanteur n’est pas l’arbre qui cache la forêt car les autres membres du groupe tirent bel et bien leur épingle du jeu à l’instar du batteur jouant au carré sur une batterie presque rudimentaire, épaulé par un bassiste parfaitement juste et propre, cette base rythmique laissant le champ libre aux deux guitaristes. Une première partie plus qu’honorable malgré un set relativement court qui se terminera sur leur single ultra-efficace "Yeah, mud".

(Humour)

Qu’il s’agisse de Humour ou Exek, les deux groupes sont venus sans ingénieur du son personnel, la tache est confiée à l’équipe de la Carène. Défi relevé haut la main, on apprécie particulièrement la basse lourde et omniprésente, particulièrement mise en avant dans les compos d’Exek, entre un Public Image Limited et leurs compatriotes de Total Control. "New Wave, old school" entend-on dans le public quand le chanteur préfère lui répondre du tac au tac "New school, old wave". Déambulant entre son bassiste et son guitariste, agitant occasionnellement des maracas, il pose sa voix claire et posée avec une certaine nonchalance (qui en aura horripilé certains).

(Exek)

Pas de fioritures, pas de gimmick à l’instar de son collègue de Humour, on sent un chanteur en totale confiance avec un groupe qui a de l’expérience et qui déroule son set. Un batteur impeccable, un guitariste incisif et qui connait l’histoire du punk sur le bout des doigts (cf. le sticker "Please kill me" sur sa guitare*) et un autre aux machines dont on aurait aimé entendre un peu plus la prestation. C’est dub, c’est lourd, presque hypnotique, redoutablement efficace mais un chouïa trop court là encore, seulement 35 minutes de set, rappel inclus (des punks je vous l’avais dit). Intense et authentique pour sûr, contrat rempli ! Assurément une soirée réussie à laquelle il a manqué un peu plus de folie (que ce soit de la part des groupes mais également du public) pour qu’elle soit complètement EXEK-ptionnelle !

(Exek)

* “Richard Hell s’était fabriqué un tee-shirt avec marqué Please Kill Me, mais il ne voulait pas le porter. J’ai dit : ‘Je vais le mettre, moi.’ Alors je l’ai mis quand on a joué à l’étage au Max’s Kansas City, et, après le concert, ces gamins se sont pointés vers moi. Ces fans m’ont jeté ce regard vraiment psychotique – ils ont regardé aussi profond qu’ils ont pu dans mes yeux – et ils ont demandé : ‘T’es sérieux ?’ Puis ils ont poursuivi : ‘Si c’est le cas, on se fera un plaisir de t’obliger, parce qu’on est tes plus gros fans !’ Ils n’arrêtaient pas de me mater, avec ce regard sauvage, et je me suis dit : ‘C’est la dernière fois que je porte ce tee-shirt.’” Tom Verlaine du groupe Television - Extrait du livre Please Kill Me