Musique

Chronique d’albUm : TYRON par Slowthai

Dr Jekyll et Mister Hyde.

Depuis qu’il fréquente le show-business, le sulfureux artiste est connu pour ses frasques à répétition et ses critiques acerbes envers le premier ministre britannique, Boris Johnson (quitte à arriver avec une fausse tête décapitée à l’effigie de Boris lors des Mercury Prize). Avec son premier album Nothing great about Britain, Tyron Frampton aka Slowthai façonne un hip-hop à l’esprit punk où explose sa colère, lui qui a connu une enfance difficile du côté de Northampton, élevé par son adolescente de mère et qui restera marqué par le décès de son petit frère qui souffrait de dystrophie musculaire.

Quand NGAB explorait les difficultés de son pays (coucou le Brexit, coucou Elizabeth II), TYRON affiche clairement la couleur puisqu’il y sera question de l’homme derrière le "bling-bling".

"Je suis loin d’être parfait, mais j’ai beaucoup appris sur moi-même en créant cet album et je continuerai à devenir une meilleure personne pour moi-même et viser à être le reflet de ce que je voudrais voir dans ce monde."*

D’un côté il y a le provocateur, l’excentrique, le vulgaire, bref celui qui tance tout le monde à coup de textes macabres et de sonorités glauques façon "horror movie", crachant sur les cérémonies de remise de prix, évoquant les drogues dures où encore le sentiment d’injustice ressenti par les jeunes de sa ville. Cette facette du personnage se retrouve sur la première face de l’album, en lettres majuscules comme pour indiquer qu’il y crie sa rage.

La deuxième partie, plus apaisée, est immédiatement plus chaleureuse de part une tonalité musicale plus soul ainsi que l’utilisation d’instruments "organiques" (piano, guitare acoustique). Exit drill et grime, Slowthai pose son accent cockney sur des mélodies entre sensualité et sensibilité. Il se met à nu et dévoile l’autre facette de sa personnalité en évoquant tour à tour son éducation par la rue, la pandémie et ses répercussions sur la vie, un manque affectif ou la mémoire de son petit frère ("Feel away").

La grande richesse de cet album réside tout autant dans l’apport plus qu’à-propos des guests (Skepta, ASAP Rocky, Denzel Curry, Deb, Never, James Blake, Mount Kimbie) que dans la production, notamment celle de SAMO, pionnier de l’électro mexicaine. Slowthai frappe toujours fort mais gagne en complexité parce qu’il a bien compris que vulnérabilité ne signifie pas faiblesse. Avec TYRON, Slowthai gagne haut la main le prix de l’authenticité.

Chronique proposée par Steven Floc’h de l’émission TRANS VINYL EXPRESS.

Titres :
 45 SMOKE
 CANCELLED (feat. Skepta)
 MAZZA (feat. ASAP Rocky)
 VEX
 WOT
 DEAD
 PLAY WITH FIRE
 i tried
 focus
 terms (feat. Dominic Fike & Denzel Curry)
 push (feat. Deb Never)
 nhs
 feel axay (feat. James Blake & Mount Kimbie)
 adhd

*"I am far from perfect but i’ve learnt a lot about myself whilst creating this album and i will continue to grow into a better person for myself and aim to be a reflection of what i’d want to see in this world."
source : bandcamp de l’artiste