Musique

Chronique d’albUm : Sem Nostalgia par Lucas Santtana

Une fois n’est pas coutume, pour cette chronique j’évoque un album de 2011. Premièrement parce que les sorties d’albums en début d’année sont rares et deuxièmement parce que ce Sem Nostalgia est excellent !

Ré-édité par Mais Um Discos Records, cet album sorti donc en 2011 date en réalité de 2009 ! Et c’est une pure merveille : le producteur brésilien Lucas Santtana allie tradition et modernité par le biais de sampling et d’assemblage. Il emprunte aux grands compositeurs de bossa nova et de tropicalisme des années 60, à travers des compostions extrêmement ludiques ("Super violão mashup", "Amor em Jacuma", "O violào de Mario Bros") qui peuvent également se faire douces et mélancoliques ("Ca pra nos", "Ripple of the water") en apportant au genre originel une touche de modernité grâce à une production et des arrangements électroniques de première classe.

Sur ce 4ème album, Lucas Santtana a repensé les possibilités sonores des guitares acoustiques et des voix pour créer une œuvre électroacoustique moderne en utilisant uniquement ces instruments. En utilisant des échantillonneurs, des pédales, des filtres et des techniques d’enregistrement non conventionnelles, Santtana a créé un travail désorientant et avant-gardiste : "C’était un grand défi de commencer un album en sachant qu’il aurait des sources sonores limitées", dit-il, "mais je savais que je pourrait utiliser cela à l’avantage de la musique. J’ai également été inspiré par la façon dont Miles Davis définissait les notes et les limites de la gamme chromatique pour ses musiciens sur une « sorte de bleu » et utilisait cette économie pour rendre la musique plus intense ».

« Sur certaines pistes, des logiciels et des échantillonneurs m’ont aidé à faire sonner la guitare acoustique comme un groupe et sur ceux qui n’avaient que le chant et la guitare, j’ai utilisé l’ambiance pour ajouter de la profondeur. Les sons musicaux ambiants sont toujours autour de nous mais comme nous vivons dans un monde visuel, nos oreilles sont toujours à la deuxième place, pourtant j’ai grandi dans des salles de cinéma et je sais donc ce qui est possible avec le son ambiant. Lorsqu’un photographe ouvre l’ouverture aussi large que possible pour capturer autant de lumière, j’ai laissé les microphones grands ouverts pour tout capturer. "

Bercé par les disques de sa mère, de Coltrane à Kraftwerk, l’ancien adepte de musique classique (il joua de la flûte baroque puis traversière dans des orchestres) s’est tourné vers la modernité en s’achetant un PC et un sampler et a vite compris que toutes ces musiques différentes pouvaient cohabiter. Il nous le montre admirablement bien sur ce disque qui resurgit du passé sans nostalgie.

Chronique proposée par Steven Floc’h de l’émission TRANS VINYL EXPRESS.

Titres :
 Super violào mashup
 Who can say which way
 Night time in the backyard
 Cira regina e Nana
 Recado para pio lobato
 Amor em Jacumà
 Hold me in
 I can’t live far from my music
 Ca pra nos
 O violào de Mario Bros
 Ripple of the water
 Natureza n°1 em Mi maior

https://lucassanttana.bandcamp.com/album/sem-nostalgia-lps-shipping-january-2021

source : https://www.lesinrocks.com/musique/critique-album/lucas-santtana/
https://www.discogs.com/fr/Lucas-Santtana-Sem-Nostalgia/master/904655