Musique

Chronique d’albUm : Carnage par Nick Cave & Warren Ellis

Après tout ce qu’il a vécu - une carrière incroyable riche de nombreux projets, de bandes originales de films mais également la perte tragique de son fils en 2015 - Nick Cave trouve toujours la force d’écrire de magistrales œuvres. Accompagné par son compère de toujours mais sans les Bad Seeds pour changer (la faute à la pandémie), cet album marque le retour du génie australien et apparait comme celui du retour à la vie.

Dès la première piste, le duo Ellis/Cave frappe fort avec l’incantation "Hands of God", intense et lumineuse introduction qui semble tout droit sorti du phénoménal album Push the sky away. Puis Nick le prêcheur alterne avec Cave le romantique quand il n’endosse pas ses habits de crooner avec sa voix chaude et caverneuse tout au long de ce carnage magnifique. Ellis apporte tension et solennité avec ses orchestrations tantôt grandiloquentes, tantôt vaporeuses à grand renfort de violons incandescents, de synthés oniriques et de chœurs déchirants. Le piano, l’autre fidèle compagnon de Nick Cave est bel et bien présent et toujours aussi émouvant à l’instar des ballades "Albuquerque" ou "Balcony man".

"I’m the balcony man, I am Fred Astaire
You think you have a plan until I hit the stairs
I’m a two hundred pound bag of blood and bone
Leaking on your favorite chair
I put on my lap dancing shoes
In the morning sun
And this morning is amazing and so are you"

"Je suis l’homme du balcon, je suis Fred Astaire
Tu penses que tu as un plan jusqu’à ce que je monte les escaliers
Je suis un sac de deux cents livres de sang et d’os
Qui fuit sur ta chaise préférée
Je mets mes chaussures de danse sur les genoux
Au soleil du matin
Et ce matin est incroyable et toi aussi"

Balcony man

En huit complaintes langoureuses et bouleversantes, Nick Cave & Warren Ellis, semblant porter tout le poids de l’univers sur leurs épaules, dépeignent un tableau du monde, sombre parfois, brutal souvent mais également poétique, qu’une lueur inespérée finit toujours par sublimer.

"A reindeer frozen in the footlights
Steps back into the woods
My heart it is an open road
Where we ran away for good
Look over there
Look over there
The sun, a barefoot child with fire in his hair
And then a sudden sun explodes
It was you, it was you and only you
And it’s only love
Driving through the rain
Rolling down the mountains
Like a train"

"Un renne figé dans les feux de la rampe
Retourne dans les bois
Mon coeur, c’est une route ouverte
Où nous nous sommes enfuis pour de bon
Regarde là-bas
Regarde là-bas
Le soleil, un enfant aux pieds nus avec du feu dans ses cheveux
Et puis un soleil soudain explose
C’était toi, c’était toi et seulement toi
Et ce n’est que de l’amour
Conduire sous la pluie
Descendre les montagnes
Comme un train"

Carnage

Et c’est bien cette lueur qui change tout : là où Skeleton tree et Ghosteen mettaient en exergue la souffrance de Nick Cave quant à la disparition brutale de son fils dans des albums testamentaires profondément élégiaques et mélancoliques, Carnage est cette infime note d’espoir d’un retour prochain à des jours meilleurs.

Chronique proposée par Steven Floc’h de l’émission TRANS VINYL EXPRESS.

Titres :
 Hand of God
 Old time
 Carnage
 White elephant
 Albuquerque
 Lavender fields
 Shattered Ground
 Balcony man