Musique

Chronique d’albUm : As days get dark par Arab Strap

Bon, je dois vous avouer que j’étais jusqu’à présent passé totalement à côté du duo écossais Arab Strap. Le groupe de Falkirk compte sept albums à son actif dont le petit nouveau, intitulé As days get dark. Ce nouvel album est le premier de leur "deuxième vie", après un hiatus d’une dizaines d’années.

Un retour dans le rétroviseur s’impose : formé en 1995, le duo Aidan Moffat et Malcolm Middleton (aucun lien avec la future reine d’Angleterre) publie son premier single "The first big weekend" l’année suivante, suivie de près par leur premier opus, The Week never starts round here. Dix ans et cinq autres disques plus tard, le duo devenu groupe décide d’arrêter l’aventure. "On a décidé de conclure ce chapitre. Il n’y a aucune animosité, pas de larmes, on sent qu’on a fait le tour... tout le monde aime les fins heureuses" déclaraient-ils en 2006.

Puis vint le mois de juin 2016 qui vit un compte à rebours annoncer le retour du groupe...pour une performance en live le 19 août 2017 à la Route du Rock à Saint-Malo. C’est ainsi que le duo a finalement, sans le savoir, ouvert un nouveau chapitre pour Arab Strap, qui écrit en 2021 une nouvelle page avec la sortie de leur septième album.

S’il est d’usage de dire qu’on ne juge pas un livre à sa couverture, le titre de ce nouvel effort se révèle cependant être très à-propos. "Alors que les jours s’assombrissent" n’est pas à mettre dans toutes les oreilles, particulièrement en cette période peu réjouissante. Aidan Moffat a certes surmonté une dépression, il n’en demeure pas moins que les compositions du duo, déclamées avec un phrasé à l’accent scottish marqué, sont aussi peu joviales qu’une pluie glaçante d’un hiver brestois (et ne sont pas sans rappeler certaines chansons de Tindersticks, avec qui ils ont d’ailleurs tourné en 1999). Et si les sujets ne prêtent guère à sourire, entre xénophobie, défense des animaux, drogues et Brexit, l’humour n’est pas totalement absent de même qu’un léger penchant pour une certaine lubricité. Aidan Moffat a une sacrée plume et ses textes sont magnifiquement ciselés, je vous invite à vous pencher dessus à l’instar de "Compersion pt. 1" ou "Fable of the urban fox".

L’ensemble est profond et marqué par le sceau de l’amertume mais n’est pas totalement dénué d’entrain comme l’illustre "Here comes Comus" ou encore le chamanique "The turning of our bones", inspiré d’un rite malgache (le "famadihana") qui consiste à exhumer les morts, à les célébrer en allant même jusqu’à danser avec eux, avant de les enterrer à nouveau. Voyons dans cette ultime parade un motif d’espoir, celui de danser pour l’éternité.

Chronique proposée par Steven Floc’h de l’émission TRANS VINYL EXPRESS.

Titres :
 The turning of our bones
 Another clockwork day
 Compersion pt. 1
 Bluebird
 Kebabylon
 Tears on tour
 Here comes Comus !
 Fable of the urban fox
 I was once a weak man
 Sleeper
 Just enough