Imaginez The Cure jouant du post-punk et vous vous ferez une bonne idée de la musique de Deeper. En effet la voix et les intonations du chanteur Nic Gohl ne sont pas très éloignées de Robert Smith tandis que la musique du trio s’exprime dans la grande tradition post-punk des Grands Lacs, teinté de coldwave.
Auto-pain est la nouvelle cuvée du groupe de Chicago et succède à leur album éponyme sorti en 2018. Biberonnés aux sons des Wire, Devo, Gang of Four et Television, Nic Gohl à la guitare, Drew McBride à la basse et le batteur Shiraz Bhatti (Amérindien d’origine pakistanaise) se servent de leur vécu (les pow-wows d’enfance pour Bhatti) et de la trame d’un roman culte ("Le meilleur des mondes" d’Adlous Huxley) pour créer un album qui dénonce la vague constante de dépression ressentie par beaucoup dans la vie quotidienne.
"Auto-Pain est un concept censé être l’inverse du soma, une pilule du livre qui engourdit tout. L’idée de l’auto-douleur est d’incarner le désir de revenir à une connexion avec les pensées et la clarté, ce qui se fait au détriment de tout ressentir simultanément." (source : le Bandcamp du groupe).
L’introduction de cet auto-douleur est très nerveuse et incisive avec des titres comme "Esoteric" et "Run". "Willing" apporte une rupture avec ses guitares plus aériennes et sa mélodie plus calme à l’instar de "Lake song" et "Spray paint" à l’ambiance Cure-esque et où les claviers se font plus présents. Passée cette petite accalmie, l’album se termine sur un rythme soutenu avec des titres tous plus efficaces les uns que les autres jusqu’à ce "Warm" à la boite à rythmes hypnotique et qui nous laisse comme un arrière goût de manque. Comme quoi, on en redemande de cet auto-douleur !
Chronique proposée par Steven Floc’h de l’émission TRANS VINYL EXPRESS.
Titres :
– Esoteric
– Run
– This heat
– Willing
– Lake song
– Untitled
– Spray paint
– 4U
– V.M.C.
– Helena’s flowers
– The knife
– Warm
