Musique

Report MOTOCULTOR

Nous avons couvert le premier festival Metal de France, le HELLFEST, en cherchant à mieux comprendre les raisons pour lesquelles il s’affirme comme le moteur du Metal en France. En sa qualité de tête de gondole du Metal, le Hellfest tire les musiques « extrêmes » vers l’avant grâce à son inertie, avec toutes ses têtes d’affiche et son côté théâtral assumé.

Forcément, plus un évènement grossit et plus il a de détracteurs, et le principal reproche formulé au HELLFEST est son côté devenu « bling bling », trop cher et qui attire les « touristes ».
En Bretagne (si, si, les frontières historiques de la BRETAGNE passent par CLISSON !) nous avons la chance d’accueillir non seulement le premier évènement Metal de FRANCE, mais également le second ! Les deux festivals sont à l’opposé l’un de l’autre, ils sont le YING et le YANG de la musique Metal : distincts par de nombreux aspects, chacun étant complémentaire l’un de l’autre, utile et vital.
Le MOTOCULTOR, puisque c’est évidement de lui qu’il s’agit, nous propose une ambiance beaucoup plus « roots ». Ici, point de décorum somptueux, d’organisation millimétrée, de groupes à 2 ou 3 millions d’euros de cachet ; le concept est complètement différent. Le nombre d’entrées est limité, les festivaliers sont tous des Metalleux patentés et il reste beaucoup de place sur le site pour se déplacer sereinement, se poser ici et là sans vraiment chercher une place pour s’assoir le temps d’une pause… Les sens s’orientent sur les rythmes et les accents de la musique, sans que l’attention ne s’attache aux artifices environnants. Le prix des places des deux festivals est également bien différent, bien que je ne sois pas sûr qu’à la fin du weekend la différence de coût soit très notable, les tarifs des repas étant quand même élevés et l’offre merchandising plus qu’alléchante…
Notons qu’une des forces du MOTOCULTOR est sa modularité. Après huit éditions passées à SAINT NOLFF, le festival a posé ses valises à CARHAIX, sur le site de Kerampuilh, à la suite d’un conflit avec l’équipe municipale. Il s’agit d’une décision très difficile pour un festival, toutefois l’essai a été transformé à plus d’un titre. La fréquentation, pour commencer. Après 44 000 personnes en 2022, les Metalleux étaient 54 000 à fouler la pelouse de Kerampuilh. Cette fréquentation permet au festival de rentrer dans ses objectifs financiers. Elle devrait également permettre la pérennisation d’un second évènement extérieur en Centre BRETAGNE, après un KREIZH Y FEST remarqué qui ouvre la saison festivalière en extérieur au mois de mai.
Cerise sur le gâteau, le projet Breizh Park du site de Kerampuilh semble enfin décoller. Le site de Kerampuilh pourrait donc bénéficier d’aménagements et de terrains dédiés qui pourront permettre au MOTOCULTOR de s’installer durablement. Attention toutefois au contrat faustien, il ne faudrait pas y perdre son âme !
Le changement de site a permis au festival d’ajuster son organisation, mais rassurez-vous, l’état d’esprit évoqué plus haut n’a pas varié. Si vous avez déjà fréquenté le MOTOCULTOR, ces changements vous sembleront pertinents : la Supositor stage et la Bruce Dickinscène occupaient les bords extérieurs et les deux scènes principales se situaient sous des chapiteaux au centre. Le site de Kerampuilh agrandit considérablement la plus grande scène, sur une zone à la surface étendue. La Supositor a également gagné en surface, et les chapiteaux, dont l’un accueille maintenant la Bruce DICKINSCENE, restent inchangés. Cette modification a permis d’absorber l’augmentation de la fréquentation du festival. La taille du site a quant à elle offert la possibilité de proposer des offres plus variées de food truck. Le camping et les parkings étaient à proximité immédiate du site, un confort rare !
Côté plateau, comment dire… un subtil mélange de découvertes et de groupes plus renommés. Rien à dire, nous sommes ressortis heureux le dimanche soir, les programmateurs ont fait un super boulot ! Un seul regret inhérent à ce type d’évènements : le programme est dense, il est souvent nécessaire de sacrifier un groupe ! Classique me direz-vous... Bref, un super festival.
Côté rencontres, les Petits Metaleux n’étant pas encore anglophones, nous avons interviewé des groupes francophones. Le premier d’entre eux était ARKA’N ASRAFOKOR.
ARKA’N ASRAFOKOR est un groupe Togolais. Vous pouvez écouter plusieurs de leurs titres sur YOUTUBE, mais rien ne vaudra l’expérience Live. Si vous les voyez à l’affiche, profitez de l’occasion pour aller les voir, heureuse surprise garantie. ARKA’N ASRAFOKOR, c’est un peu comme si Max Cavalera n’avait pas quitté Sepultura après Roots, et que cet album mythique avait eu des successeurs. Non pas de pâles copies, mais de bonnes évolutions ! Une énergie dingue servie par des rythmes non pas Indiens mais Africains. Pour réussir l’exercice, le groupe a associé un percussionniste à un batteur. C’est malin, ça coule de source, encore fallait-il y penser, et c’est diablement efficace.
Pour faire plus ample connaissance avec le groupe, n’hésitez pas à écouter l’interview !

Arka’N Asrafokor
9min6s

Et après ARSA’N ASRAFOKOR, le DELUGE ! Le groupe Lorrain nous a emmenés dans un voyage qu’on peut qualifier de post apocalyptique. Leurs riffs et leurs breaks nous ont fait l’effet d’une tempête violente et imprévisible. Ils ont créé un environnement sonore qui nous a bercés entre des moments calmes de quiétudes relatives et des débordements d’énergie parfaitement contrôlés. Lancés par « Les Acteurs De L’Ombre » (LADLO), génialissime petite maison de production indépendante et associative, DELUGE a déjà signées chez Metal Blade Record pour son deuxième album. Une future référence du Black Metal ! L’interview est à écouter ici :

Déluge
10min41s

L’interview d’AKIAVEL a été une très belle rencontre, humaine tout d’abord. Chris et Auré se sont plus que prêtés au jeu des questions réponses, les discussions en off se sont prolongées jusqu’à la séance de photos souvenirs de Chris et Kelenn. Au tableau, entre autres, un cliché avec Dave ELLEFSON, ex-bassiste de MEGADETH ! Notre curiosité aiguillonnée, nous n’avons pas manqué leur set : une véritable rencontre scénique. Comment vous expliquer sinon vous dire que nous avons pris une énorme baffe lors de leur show ! Un vrai coup de cœur !
AKIAVEL est un groupe méridional qui joue du Death Technique. Leur première particularité est d’avoir une très puissante growleuse à l’instar d’ARCH ENEMY. Notez que ce n’est pas le hasard qui me fait citer ce dernier groupe. Les musiciens d’AKIAVEL sont eux aussi extrêmement doués, mettant leurs parties très techniques au service de l’énergie du groupe. Le groupe a signé chez SEASON OF MIST, une maison de production française aux entrées internationales. A noter qu’ils tournent actuellement avec RAGE TOUR qu’on ne présentera pas. Retenez bien leur nom, il est fort probable qu’ils gagnent leur notoriété à l’International sous peu ! En attendant, après le HELLFEST, le FURIOSFEST et bien évidemment le MOTOCULTOR, vous pourrez les retrouver très rapidement à SAINT BRIEUC avec HEART ATTACK le 7 octobre et sur une salle plus intimiste au DESTROCK FEST, le 21 octobre. Rencontre avec Chris et Auré :

Akiavel
11min25s

Le MOTOCULTOR sollicite des groupes qui s’inscrivent dans de nombreux genres du Metal. Une de ces chapelles ne pouvait assurément pas manquer au weekend : le Thrash. Durant cette édition, le groupe HEART ATTACK s’est démarqué parmi ses dignes représentants. Si le groupe n’a pas publié un nombre important d’albums (quatre à l’heure actuelle), ceux-ci ont l’avantage de briller par leur qualité (vous pourrez en juger par vous-même en suivant les liens en bas d’article), leur combativité est une autre de leurs particularités. Leur maison de production ayant fermé ses portes en 2019 (avant la crise du COVID), il aura fallu près de 300 appels à différents agents et producteurs avant que leur musique ne séduise Markus STAIGER, le fondateur de NUCLEAR BLAST. Ce dernier recherchait un groupe français pour l’intégrer à sa nouvelle écurie, il a craqué pour HEART ATTACK. Nos frenchies sont désormais aux côtés de HELLOWEEN, OPETH, MESHUGGAH, SONATA ARTICA ou encore AMORPHIS. La classe, en plus de la reconnaissance de leur talent ! Nous ne pouvons que souligner leur abnégation, un gage de réussite !

Heart Attack
7min53s

Le hasard des groupes programmés et des interviews validées a fait émerger un thème particulier en ce weekend de MOTOCULTOR : les techniques de narration musicale et la proximité entre musique et cinéma. Les B.O. de films sont majeures dans la création des œuvres cinématographiques ! Un peu plus loin de nous, la projection des films muets étaient accompagnés par un pianiste pendant les projections. Plus récemment, Gojira s’est prêté à l’exercice en 2003 pour accompagner le film « Maciste aux enfers ». Vous pourrez retrouver ce thème en écoutant les interviews des trois groupes suivants.
HYPNO5E est un groupe Montpelliérain, au leader atypique et touche à tout. Il évolue dans la musique, forcément, mais également dans le théâtre et le cinéma. Son histoire et ses diverses implications ont une incidence directe sur les compositions du groupe. Plus que d’écrire un morceau à la structure normée et prédéfinie, Emmanuel JESSUA utilise la musique pour raconter une histoire. Au fil de ses morceaux les langues se mêlent, français, anglais ou espagnol, au service d’un voyage intérieur. Fermez les yeux et laissez-vous emporter ! Si toutefois ce lâcher prise vous serait difficile, le groupe a mis talentueusement quelques-unes de ses chansons en [très belles] images. La rencontre des Petits Metaleux avec Pierre (batterie) et Jo (guitare) a également été l’occasion d’évoquer la vie d’un groupe, la vie d’artiste, la musique et son industrie en général, et même le nucléaire ! Une interview débridée ! Cliquez ici :

Hypno5e
25min29s

Il existe quelques groupes ou artistes en France qui restent plus ou moins ignorés, sans être totalement boudés par le grand public, mais qui pourtant connaissent un beau succès à l’étranger. A l’instar de Phoenix, Carpenter Brut cartonne plus hors de nos frontières. Carpenter Brut est un projet solo. L’artiste préfère rester dans l’ombre, pour que l’auditeur ne se concentre que sur ses créations. Son talent lui a permis de composer des musiques pour des jeux vidéo, des publicités ou des films, notamment pour John Carpenter ! La consécration ! Carpenter Brut construit ses albums et ses morceaux comme des films. Tout comme HYPNO5E, il s’autorise à ne pas avoir de structures fixes et répétitives à ses morceaux. Son but est de laisser l’auditeur s’approprier le morceau afin de se projeter dans son propre univers. Le bougre y parvient avec talent ! Si vous ne connaissez pas encore CARPENTER BRUT, corrigez l’erreur au plus vite, et en attendant, l’interview par les PETITS METALEUX est ici :

Carpenter Brut
16min25s

MOONREICH est un groupe de BLACK. Ils font partie de l’écurie des « Acteurs De L’Ombre ». Ils ont remplacé le groupe UKRAINIEN 1914, qui n’a malheureusement pas pu quitter son pays. C’est donc au pied levé qu’ils ont assuré l’intérim pour défendre leur excellent dernier album : « Amer ». L’occasion était belle pour une rencontre entre nos PETITS METALEUX et WEDDIR, le guitariste - compositeur, après le show ! Nous avons évoqué, entre autre, les aléas d’un concert (la sangle d’une guitare venait de lâcher pendant leur concert), et surtout la composition d’un album, la façon de narrer une histoire, les contraintes que les groupes peuvent avoir quant au format d’une chanson ou d’un album. Nous vous conseillons vivement d’aller les voir lors de leur prochain passage Breton (par exemple au KREIZ Y FEST à GLOMEL les 10 et 11 mai 2024). En attendant impatiemment ce moment, vous pouvez écouter l’interview ici :

Moonreich
10min56s

Ces trois derniers artistes, dans leurs genres respectifs, sont comme les nouveaux BAUDELAIRE. Ils nous invitent au voyage dans un écrin qui peut parfois paraître aussi torturé que ne le fut le poète. Mais tout comme la lecture des vers, l’écoute de leurs morceaux vous transportera, pour peu que vous ne preniez le temps de vous installer confortablement, les yeux fermés, et que vous laissiez votre esprit vagabonder.
Si toutefois vous aviez des fourmis dans les jambes, AKIAVEL, ARKA’N ASRAFOKOR, DELUGE ou HEART ATTACK seront d’excellent choix de disques à mettre dans la platine avant de sauter, remuer la tête et hurler dans votre salon. Certes vous allez passer une petite demi-heure à ranger vos dégâts en vous traitant de …, mais bon, vous verrez, vous vous sentirez bien !
Le MOTOCULTOR 2023 a été une excellente édition. La programmation a laissé de la place à tous les styles, du vieux punk au néo folk, du Heavy au Death, du Thrash au Black. Quelques très bonnes têtes d’affiches ont su attirer plus de festivaliers que l’année dernière, mais ce serait réducteur de ne voir qu’elles. De GRADE 2 et KOMODOR le jeudi à 15h45 à ALESTORM et ELDER le dimanche en clôture, les surprises et les découvertes ont été nombreuses et agréables. Le site a été intelligemment utilisé. L’ambiance et l’état d’esprit sont restés. Un grand cru, et courage, plus qu’un an à patienter avant la quinzième édition dans le pré de Kerampuilh !