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New Wave ( l’ Emission ) # 21

Petites chroniques nombrilistes d’albums.

Dead Can Dance

Pour cette émission, la maison vous régale d’un plat britannico-australien
très frugal, donc propice à la méditation, à la spiritualité et à la communication
avec les esprits dansants de l’au-delà car oui, les morts peuvent danser.
Bref, pour faire simple, vous vous contenterez d’un triste bouillon de poireaux
servi dans un bol, point barre.

En accompagnement et en guise de dessert pour vous ouvrir l’esprit et
les chakras, nous vous proposons une bonne poignée de "magic mushrooms",
accompagnés d’une eau du Ponant (souvent copiée, jamais égalée !).

Inspirée d’un poème d’Henri Cazalis, Camille Saint-Saëns compose en
1874 sa " Danse Macabre ".
La Danse Macabre raconte, qu’à minuit, la Mort a le pouvoir
d’apparaître dans les cimetières.
En jouant de son violon, cette dernière appelle les morts qui sortent de
leurs tombes pour danser jusqu’au lever du jour (" accroche tes mains
à mon squelette, c’est l’ asticot qui redémarre " !).
La version officielle est que le nom du groupe, Dead Can Dance (ou en
français, les morts peuvent danser ) évoque un masque rituel Papou de
la Nouvelle Guinée ( celui qui orne la pochette du premier album ),
apparemment macabre, qui symbolise la capacité des choses « 
inanimées » à devenir animées par le vecteur de l’art...
Bon, pourquoi pas, mais j’émets l’ hypothèse que c’est
aussi, tout simplement, une allusion à l’œuvre du p’tit père Camille,
mais allez donc savoir avec les artistes.

A cette époque, il m’arrive d’aller macabrement danser en boite de nuit
dans le quartier St Michel, à Paris, avec mes amis.
Le Saint, fait partie de ces établissements qui réservent quelques soirées
aux ambiances gothiques et cold wave, attirant une faune d’oiseaux de
nuit au teint pâle, vêtue de noir de la tête aux pieds et les cheveux en pétards.
C’est là, un soir, que je fais la rencontre d’un sosie féminin de Robert
Smith prénommé Elsa, une personnalité atypique, très attachante et très
talentueuse (elle fait de magnifiques photos), avec qui je vais me lier
d’amitié et à qui, je dédie cette émission.

Dead Can Dance (parfois abrégé DCD, ce qui est plutôt comique et de
circonstance), se compose de l’ australienne Lisa Gerrard, voix,
Yangqin (cithare chinois de table à cordes frappées, jouées avec des
mailloches flexibles en bambou) plus autres instruments divers,
mais aussi, du britannique Brendan Perry (voix, instruments
divers et variés !), de Simon Monroe, puis de Peter Ulrich à la batterie
et de Paul Erikson à la basse.

DCD voit le jour en 1981 à Melbourne, mais dès 1982, le groupe décide de
partir pour Londres (comme Birthday Party de Nick Cave et consorts),
une ville où, ils pensent que leur musique a plus de chance d’être
reconnue et où, la scène Post Punk explose.

Leur univers musical s’inscrit dans le courant Cold Wave et puise son
inspiration dans les musiques tribales, traditionnelles, mais aussi
liturgiques et médiévales, produisant un cocktail bien singulier.
Le tout étant servi par la superbe voix de Lisa Gerrard, souvent associée,
comparée et malheureusement, mis parfois en compétition avec celle
d’ Elizabeth Frazer des Cocteau Twins.

Le groupe envoie des démos à plusieurs labels et c’est 4 AD, d’Ivo Watts
Russell, qui leur propose de faire la première partie
d’Xmal Deutschland pour les tester, voir comment le public réagit à leurs
prestations et compositions.
L’ examen de passage réussi haut la main, Ivo signe le groupe et le fait
entrer en studio pour la réalisation de leur premier album.
A cette période, DCD assure les premières parties des Cocteau Twins.

C ’est en 1984, que le premier opus sobrement intitulé, "Dead Can Dance",
est publié.
Sur ce dernier, on retrouve les ambiances citées plus haut, cold wave et
tribale avec la présence très marquée de percussions, qui renforcent l’
ambiance cérémonielle des morceaux.
Les morceaux sont chantés en alternance soit par Lisa, soit par Brendan
et on peut distinguer les influences de chacun des membres du groupe
(tribale et mystique pour la première et post punk pour le second),
formant ce cocktail détonant, qui nous emporte bien loin de notre
quotidien grisâtre de la vie dite "moderne’.

Puis suivront, "Spleen and Ideal" (en 85), est une référence à
Baudelaire et au recueil, "Les Fleurs du Mal",
"Within The Realm Of a Dying Sun" (en 87), DCD creuse encore le sillon mystique,
sombre et atmosphérique.
En 1988," The Serpent’s Egg ", multiplie les influences,
mais voit surtout l’ émergence du style médiéval, baroque et liturgique,
avec les titres, "Orbis de Ignis", "Chant of the Paladin" ou "Ulysses".
C ’est l’album de DCD que j’ ai le plus écouté et j’ ai eu la chance de les
voir et de les entendre pour la tournée qui a suivie, un concert vraiment
magique et inoubliable, d’une très grande intensité,
à l’Elysée Montmartre, à Paris.
La voix de Lisa se déploie alors de plus belle, donnant au groupe une
dimension mystique et l’on va au concert un peu comme on va à la messe.

Par la suite, Dead can Dance publie encore d’autres bons albums
comme "Aion" (90), "Into the Labyrinth" (93).

En 1998, en pleine préparation de leur nouvel album, le groupe décide
de se séparer pour divergences artistiques et ce n’est qu’en juillet 2011
que Brendan annonce la reformation du groupe avec Lisa et un nouvel album
à paraître en 2012, "Anastasis".

DCD reste un groupe majeur de cette période.
Je ne sais pas ce que Camille Saint-Saëns eut penser de ces morts qui
peuvent danser, s’ il auraient pu se joindre à cette danse macabre etaimer leur musique.
Peu importe, pour moi, Dead Can Dance célèbre avant tout la vie, sa
fragilité, sa beauté et cela n’ a pas de prix.

* Album chef-d’œuvre, si vous ne deviez en écouter qu’un :
"Dead Can Dance".

Sortie : 27 février 1984.
Durée : 35:01 (édition originale)
51:06 (réédition).
Enregistré : années 83-84.
Producteur : Dead Can Dance.
Label : 4 AD.

Plats du jour :

"The Fatal Impact" - Dead Can Dance - "Dead Can Dance".

"Ocean" - Dead Can Dance - "Dead Can Dance".

"The Trial" - Dead Can Dance - "Dead Can Dance".

"Frontier" - Dead Can Dance - "Dead Can Dance".

"Mesmerism" - Dead Can Dance - "Spleen and Ideal".

"Avatar" - Dead Can Dance - "Spleen and Ideal".

"Anywhere Out of the World" - Dead Can Dance - "Within the Realm of a Dying Sun".

"Cantara" - Dead Can Dance - "Within the Realm of a Dying Sun".

"The Host of Seraphim" - Dead Can Dance - "Serpent’s Egg".

Sauces & Accompagnements Fonds sonores :

The Cure - "Pornography" - "Pornography".

Nick Cave & the Bad Seeds - "From Her to Eternity " . "From Her to Eternity ".

Camille Saint-Saëns - "Danse Macabre".

Dead Can Dance - "Fortune" - "Dead Can Dance".

Dead Can Dance - "East Of Eden" - "Dead Can Dance".

Dead Can Dance - "Towards The Within" - "Into The Labyrinth".

Dead Can Dance - "Ullyses" - "Serpent’s Egg".

Dead Can Dance - "The Arcane" - "Dead Can Dance".

Dead Can Dance - "The Song of the Sibyl" - "Aion".

Suppléments reprises ( Service Compris ) :

"Rakim" - Dead Can dance cover by Desdemona la cantatrice chauve, charmeur de bongo & Dan Vulcain. Special guests : Cassiopée la fille de joie et le Marteau :
https://www.youtube.com/watch?v=Y2MxliBM30I

"Carnaval is over" - Dead Can dance cover by Sequoia Songs :

"Amercan dreaming" - Dead Can Dance cover by Annie Barker :

"Xavier" - Dead Can Dance cover by Wolcensmen :

"Enigma of absolute" - Dead Can Dance cover by Jessica93 :

"Opium" - Dead Can Dance cover by Mariangela Demurtas :

Dessert ( Prochaine émission ) :

Simple Minds - "Up On The Catwalk" :

En live :

"Someone, Somewhere in Summertime" :