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TextUelle II, 20 Elisabeth Filhol, Doggerland

Bonjour à toutes, bonjour à tous

Je ne sais pas pour vous
mais moi en ce moment

lorsqu’une grosse tempête se déchaîne au-dessus de ma tête
je ne pense pas au réchauffement climatique
je ne me dis pas que c’est la fin du monde
que l’extinction de l’espèce humaine est pour bientôt
je me mets à l’abri
et je regarde de tous mes yeux, j’écoute de toutes mes oreilles, je ressens de toute ma peau
la puissance des éléments qui se déchaînent
j’aime bien ça
entendre le vent hurler, mugir, pousser les portes, tenter de se frayer un chemin
écouter la pluie frapper, cogner, dévaler,
la grêle ébranler le toit
la charpente craquer
le tonnerre gronder
regarder les arbres ployer jusqu’à se coucher et revenir un instant debout
Je suis bien à l’abri.
Il m’arrive de me figurer sur un bateau en pleine mer
et je me fais peur.
Et j’aime bien me faire peur pour savourer le moment présent.
Mais je ne pense pas que ceci est la conséquence de notre mode de vie destructeur
je n’y pense pas
je sais que je vais mourir
et je n’y pense pas souvent non plus
je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête
le cataclysme est embrayé
mais je n’y pense pas
et je me dis que si j’étais au coeur de la tempête
je n’y penserais pas plus
j’aurais trop à faire pour sauver ma petite peau
j’enchaînerais les actions sans avoir peur.
et là je me demande
est-ce qu’un jour la peur de mourir sera la plus forte ?

En attendant j’ai découvert un roman très fort
qui parle de la terre, des mouvements des plaques tectoniques, de couches sédimentaires, de puissance, de tempête cataclysmique dans le coeur d’un homme et d’une femme.

Je vais vous lire un extrait de

Elisabeth Filhol Doggerland