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New Wave ( l’ Emission ) # 18

Petites chroniques nombrilistes d’albums.

Suicide.

Pour cette émission, la maison vous régale d’une recette radicale et sanglante.
En effet, c’est vous qui, en cuisine, viendrez découper sur l’animal et
sous l’œil amusé des chefs Alan Vega et Martin Rev, la pièce de bœuf crue
que vous dégusterez en salle, (mais sans couverts !), bref, à la "brutale".
En accompagnement et pour rester dans la même gamme de couleurs,
du choux rouge et de la betterave vous seront servis à volonté ;
Un vin rouge bien charpenté vous donnera du courage et vous désaltérera.
En dessert, une pilule de cyanure viendra clore cet ultime repas.

Fondé dans les années 70 à New-York, dans le quartier de Manhattan,
le groupe Suicide, d’Alan Vega et de Martin Rev est un pionnier
en matière de musique punk et électronique.
Ils sont punks quand le punk ne désigne encore pas grand-chose et
sur les affiches de leurs premiers shows underground, est écrit "Punk Music By Suicide".
Le mot punk est piqué dans une chronique d’un concert des Stooges,
signée Lester Bangs car les Stooges de 1969, sont pour Alan Vega
une référence en matière de radicalité musicale rock.

En 1977 sort leur premier album qui s’intitule sobrement, " Suicide ",
sur le label Red Star Records, dirigé par Mary Thau, l’ancien manager
des New York Dolls.
Thau a commis d’office le producteur Craig Leon pour capturer
en studio la sauvagerie du duo.
Ce dernier a accompagné l’éclosion des premiers Ramones et Blondie,
mais il a surtout collaboré quelques années plus tôt en Jamaïque,
auprès de Lee Scratch Perry et de Bob Marley sur un album de Martha Velez
et c’est l’utilisation des delay, façon "dub"
sur les synthés de Rev et la voix de Vega qui va modifier le son de l’album et
en insuffler l’esprit.
Enregistré en une seule prise comme lors de leurs concerts et répétitions,
ce premier opus connaît de nombreux mix en studio.

Musicalement, on a jamais rien entendu de tel.
La voix de Vega semble possédée par je ne sais quel démon.
Le son du synthé de Marin Rev est plutôt crado et
cantonné dans les fréquences graves, sorte de basse minimale,
hypnotique et synthétique qui accompagne une boîte à rythme assez cheap.
C ’est une expérience proche de la transe, angoissante pour certains titres,
parfois à la limite du supportable, mais ils peuvent aussi composer
une belle chanson d’amour, "Cheree", très inspirée du Velvet Underground,
mais version synthétique !

La pochette peinte par Timothy Jackson représente le nom du groupe
version lettres sanguinolente en forme de dripping, (technique picturale
ayant fait la gloire du peintre Jackson Pollock), ou encore,
cervelle explosée par une balle de calibre 12mm et
qui sera longtemps considérée comme le logo du groupe.

C’est un disque qui marque son temps et il deviendra culte.
Les prestations scéniques sont également très intenses, houleuses et
parfois chaotiques.
Ainsi, les premières parties d’Elvis Costello assurées par Suicide en 1978,
lors de sa tournée européenne, virent rapidement au cauchemar et
à l’émeute, l’association de ces deux styles de musique si différents
ne passent pas auprès du public de Costello.
Idem, quelques temps plus tard, avec The Clash.

Perso, ce que j’aime chez Suicide, c’est cette tension extrême obtenue
avec juste une voix, quelques notes de synthé et une boite à rythme pourrie.
Une ambiance moite, sombre et déglinguée, qui colle bien à New York et
aux années 80, travaillées par le virus du Sida, la drogue,
mais plus globalement par l’accident nucléaire de Tchernobyl,
la catastrophe de Bhopal, la guerres Iran-Irak, le chômage de masse et
bien d’autres encore…
Cependant, je me suis toujours limité, en terme de posologie,
à une écoute de l’album une fois par mois maximum,
sous peine de sombrer dans une profonde dépression.

Entre 1977 et 2002, ils produiront 5 albums :
"Suicide" ( 1977-Red Star Records).
"Suicide Second Album" (1980-Mute Records/ZE.)
"Way of Life" (1988-Wax Trax !/Accord).
"Why Be Blue" (1992-Brake Out).
"American Supreme" (2002-Mute Records).

Suicide, expérience extrême, qui a influencé beaucoup de groupes
de part et d’autres de l’ Atlantique, citons Sigue Sigue Sputnik,
Peaches, Soft Cell, Stereolab, Prodigy, des groupes de la scène électro et consorts.
Il reste vraiment un groupe à part durant cette décennie 80/90 et
j’invite également à écouter les productions solos d’Alan Vega,
un artiste complet, à la voix si particulière et à l’univers si singulier.

Album chef-d’œuvre, si vous ne deviez en écouter qu’un :
Suicide - "Suicide".

Plats du jour :

Suicide - "Gosth Rider". "Suicide".

Suicide - "Johnny". "Suicide".

Suicide - "Cheree". "Suicide".

Suicide - "Frankie Teardrop". "Suicide".

Suicide - "Diamonds, Furcoat, Champagne". "Suicide Second album".

Alan Vega - "Jukebox Baby" - " Alan Vega".

Suicide - "Wild In Blue". "A Way of Life".

Suicide - "Wrong Decisions". "American Supreme".

Christophe & Vega - "Tangerine". "Les Vestiges du Chaos".

Suicide - "Misery Train" - "American Supreme".

Sauces & Accompagnements Fonds sonores :

"Pornography" - The Cure - "Pornography".

Joe Jackson - "Beat Crazy" - "Beat Crazy".

Martin Rev - "Rodeo" - "Clouds of Glory".

Art of Noise - "Moments in love" - "Daft".

Suicide - "Che". "Suicide".

Suicide - "Girl". "Suicide".

Suicide - "Harlem" - "Suicide Second Album".

Suicide - "Touch Me" - "Suicide Second Album".

Suicide - "Surrender" - "A Way of Life"

Suicide - "I Don’t Know" - "American Supreme".

Suicide - "Death Machine" - "American Supreme".

Martin Rev - "Mari" - "Martin Rev".

Suppléments reprises ( Service Compris ) :

"Frankie Teardrop" cover Suicide by Il Lupo Cattivo & Filippo Rul :

"Ghost Rider" cover Suicide by Project Shadowkind :

"Cheree" cover Suicide by Dive :

"Cheree" cover Suicide by Lmca :

"Ghost Rider" cover Suicide by Dkay.com (Die Krupps) :

Dessert ( Prochaine émission ) :
Young Marble Giants - "N.I.T.A"

En Live "Brand New Life" :