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FESTITRUCK 2021

Le festival du commerce ambulant !

À Logonna-Daoulas, des dizaines de trucks ont rempli le bourg le samedi 18 septembre 2021 pour la première édition du Festitruck. Morgane pour Radio U et Yann pour Radio Évasion étaient sur place pour un plateau en direct de 12h30 à 14h.

FESTITRUCK 2021
1h35min

 « Le commerce ambulant, qui était une pratique massive générale universelle, est devenu une pratique marginale au fur et à mesure que s’installait l’économie formelle capitaliste moderne »  Jérôme Monnet, universitaire*

Après 2 siècles de sédentarisation du commerce, devenu, selon l’universitaire, « modèle de référence », on remarque que les itinérants sont de plus en plus présents. Ces dernières années, de plus en plus de commerçants ambulants sillonnent les routes. Un retour aux sources pour Jérôme Monnet, puisque « l’histoire du commerce est ambulante par définition ».

C’est sur cette voie que le Festitruck se lance pour renouer avec les racines du commerce, avec l’envie de fédérer les itinérants.
« Ils travaillaient un peu dans leur coin » confie au micro Romain Hourcade, l’initiateur du projet Festitruck et gérant du « O’Barber Truck ». Il a donc proposé le projet à la mairie de Logonna-Daoulas. Une proposition que Nadège Guillier, élue de Logonna-Daoulas, a accepté sans hésiter. Alexandre Vallès, à la tête du collectif « Mon P’tit Camion », s’est joint à l’aventure pour former un « trio de choc », comme le soulignait l’élue, tout sourire. Une association logique, puisqu’Alexandre Vallès a monté le collectif « Mon P’tit Camion », avec 2 objectifs : rendre visible et développer le commerce ambulant. Il fait également le lien entre les itinérants et les collectivités.
Le Festitruck est une action inédite en France et selon Nadège Guillier, Logonna-Daoulas était la commune idéale pour l’accueillir : un petit bourg loin de tout, avec peu de commerces sédentaires. À la municipalité, on y a vu l’opportunité de (re)dynamiser la commune. Nadège Guillier remarque le développement du commerce ambulant à Logonna-Daoulas, particulièrement ces 2 dernières années. Désormais, des trucks s’installent au centre-ville du village 5 jours sur 7. Cathy Le Sonn du bar « Le Celtic », affirme avec entrain que le Festitruck « amène de la vie » dans le village. Un sentiment partagé par beaucoup, dont Sigrid Raffoux, bénévole de l’évènement.

Un quotidien rythmé

Entre recherche d’emplacements et développement du réseau de consommateurs, le quotidien des commerçants ambulants est rythmé. La liberté, c’est ce qui séduit les itinérants. Et ce ne sont pas Cathy Jeuvrey, gérante de la droguerie ambulante « La droguerie des Abers » et Romain Hourcade qui diront le contraire. Que ce soit du côté des gérants de trucks ou des commerçants sédentaires, la convivialité est un principe de base. Pour Cathy Le Sonn et Romain Hourcade, pas question de guéguerre entre itinérants et sédentaires. « Les activités sont très différentes, donc peuvent être complémentaires », abonde Romain Hourcade. L’accompagnement et le conseil du client contribuent à créer du lien social. Cathy Jeuvrey n’hésite d’ailleurs pas à partager des recettes avec les clients de son truck.
La recherche d’emplacement, c’est le « nerf de la guerre » du commerce ambulant. Les raisons ? Cathy Jeuvrey , et Romain Hourcade sont unanimes : bien souvent, les marchés acceptent seulement les trucks alimentaires. Ce dernier espère avoir plus de facilité à démarcher les mairies à l’avenir. C’est aussi l’un des enjeux du Festitruck.

Un accompagnement particulier

Les modes de consommation ont évolués. Recevoir un produit ou un service directement chez soi est devenu monnaie courrante. Jérôme Monnet en profite pour faire le parallèle avec l’e-commerce et les itinérants.
Il y a encore moins de 20 ans, les habitants des zones rurales avaient l’habitude d’entendre régulièrement les klaxons des commerçants ambulants annonçants leur passage.
Mais aujourd’hui, qu’en est-il de l’accessibilité aux services pour les consommateurs en zone rurale, et de l’accompagnement de ces initiatives ?
Il existe des dispositifs pour les accompagner au mieux. « Le commerce ambulant est idéal pour les gens qui ont pas de voiture, qui sont âgés, à mobilité réduite etc », rapelle Sigrid Raffoux. Par exemple, à Logonna-Daoulas, il existe beaucoup de dispositifs pour ramener des services vers la commune. Selon André Postec, élu de Logonna-Daoulas : « Pour qu’un service soit accessible, il doit être pérènne ».
Parmi les actions mises en place par la commune, une application d’informations locales, « IntraMuros » permet aux commerçants d’envoyer une notification aux habitants quand un truck débarque dans le bourg. André Postec prévoit également l’installation d’un panneau numérique d’information à l’entrée de la commune.
Les gérants de trucks ont accès à des aides financières pour l’entreprenariat, et même pour l’entreprenariat féminin en particulier. C’est le cas de Christelle Paugam de l’épicerie ambulante « Les P’tites Graines ». Elle touche, via le financeur solidaire « Bretagne Active », les aides du fond européen pour l’entreprenariat féminin. De son côté, Myriam Blondy, coordinatrice du pôle ESS (Économie Sociale et Solidaire) de Brest, promeut TAG (Trajectoire Agile). Un autre dispositif permettant d’accompagner les porteurs de projet et de soutenir le développement des initiatives.

« Que les trucks viennent à Logonna, ils seront bien reçus ! »

Globalement, la Bretagne a une particularité et peut-être un avantage par rapport à d’autres régions. « Il y a un tissu associatif hyper fort et un maillage territorial assez intéressant, ce qui fait que les services y sont pris en charge, pas que par les collectivités ou les structures publiques, mais aussi beaucoup par les associations, qui font un travail assez formidable de maintien du lien social et de présence au plus près des habitants », selon Marie de Bizien, chargée du projet Access’R au sein de la fédération Leader France.
Et si Romain Hourcade et ses compères galèrent dans leur recherche d’emplacement, qu’ils se rassurent. « Que les trucks viennent à Logonna, ils seront bien reçus ! », assure André Postec.

*Jérôme Monnet est professeur universitaire, co-directeur de l’école d’urbanisme de Paris et auteur d’une étude sur le commerce ambulant « L’ambulantage : Représentations du commerce ambulant ou informel et métropolisation »

Les invités de l’émission :
Nadège Guillier, élue de Logonna-Daoulas et co-organisatrice du Festitruck
Alexandre Vallès, fondateur du collectif « Mon P’tit Camion »
Romain Hourcade du « O’Barber Truck »
Cathy Le Sonn du bar « Le Celtic » à Logonna-Daoulas
Cathy Jeuvrey de la droguerie ambulante « La Droguerie des Abers »
Sigrid Raffoux, bénévole du Festitruck
André Postec, élu de Logonna-Daoulas
Myriam Blondy, coordinatrice du pôle ESS (Économie Sociale et Solidaire) de Brest
Christelle Paugam de l’épicerie ambulante « Les P’tites Graines »
Par interview interposée :
Jérôme Monnet, universitaire, co-directeur de l’école d’urbanisme de Paris et auteur d’une étude sur le commerce ambulant « L’ambulantage : Représentations du commerce ambulant ou informel et métropolisation »
Marie de Bizien, chargée du projet Access’R au sein de la fédération Leader France